Exercice d’imagination 6 - Le dimanche 29 mai 2022
Juste avant l’aube, alors que les oiseaux chantaient déjà, je m’éveillais. Un son étrange me tirait de ma torpeur. Un grincement doux. Des cliquetis s’ajoutèrent. La tête dans l’oreiller je fronçais les sourcils.
Un accord de guitare horrible retentit. Je sursautais et m’assis, mes cheveux en désordre retombant devant mes yeux. Des cliquetis, des vrombissements. Un autre accord faux brisa la tranquillité du matin. Je repoussais mes cheveux, et poussai une exclamation. Ma guitare posée sur son support en face de moi n’était plus ma guitare, c’était devenu un objet hybride. Au corps en bois était greffé des bras aux reflets métalliques et aux extrémités semblables à celles d’Edouard aux mains d’argent. Je vis l’un des bras s’élancer vers les cordes sans frémir. Je me recroquevillai.
« Vreuuuum !! ». Le son était parfaitement discordant.
Je me levai d’un bond et d’un bond supplémentaire j’atteignis la guitare démoniaque. Alors que le bras allait de nouveau frotter les cordes de ma guitare à deux doigts de toutes les casser, je l’attrapai. Je grognais sous l’effet de l’effort et la guitare s’envola tandis que je tentais de la maintenir immobile.
«Vrvreuuum!»
Je fus tellement étonné que je la lâchai, elle tomba en grand fracas, un peu plus désagréable. En tenant l’appendice immobile, le mouvement s’était simplement reporté de l’autre côté du point de pivot, faisant décoller ma guitare et manquer de m’assommer. Elle gigotait actuellement sur le sol, raclant le parquet, comme si elle cherchait à ramper vers moi.
Je restais paralysé pendant un moment. Mon regard fixé sur cet objet autrefois un de mes hobbies, était le genre si vide qu’on l’associerait facilement à quelqu’un réduit à l’état de légume.
La guitare continuait d’agoniser lentement au sol, grinçant, crissant, dans la plus mauvaise cacophonie.
« Boom ! BOOM ! BOOOOM ! »
Le son retentit recouvrant celui de ma misérable guitare. Je me retournais vivement, une goutte de sueur se détacha de mon front et coula dans mon œil, et j’aspirai une grande coulée d’air.
« BOOBOOM ! » C’était le bras de la caisse claire de ma batterie qui frappait sa paroi bruyamment.
Je reculai de plusieurs pas, buttai sur mon lit et tombai lourdement dessus. La batterie se mit à battre furieusement mais sans rythme.
Mon cœur s’affolai. Je me relevai dans l’intention farouche et effrayée de m’enfuir de cet enfer. Je me précipitai entre ma guitare se trainant au sol et ma batterie échauffée.
C’était sans compte sur ma flagline. Dans mon souvenir, elle trainait dans un coin de la pièce mais ce n’était apparemment plus le cas. Elle fit le dos rond, se pliant juste à mes pieds pour me faire un croche-pied.
Le temps passa au ralenti tandis que je tombais vers le sol, face la première. J’eu le temps de voir ma flagline contre mon pied droit, ma guitare contre le sol à ma gauche, ma batterie furieuse à ma droite. Le son était étouffé mais leurs mouvements compulsifs les animaient toujours.
Puis j’atteignis le parquet dur.
« Aaaaah ! » hurlai-je sourdement en aspirant de l’air et en me redressant.
Je mis un certain temps à reprendre mes esprits. J’étais à bout de souffle dans mon lit, ma guitare en face de moi, immobile, recouverte de poussière, a l’instar de ma batterie à ma droite et de ma flagline au fond de ma chambre, abandonnés là depuis longtemps, témoins de mes frasques passées. Le soleil doux de l’aube entrait dans la pièce par la fenêtre située dans le coin et atteindrai bientôt mon lit. Pas un bruit si ce n’est le sublime chant des moineaux qui parvenaient, cristallin à mes oreilles sifflantes. J’étais recouvert de sueur et frissonnant. Quel cauchemar! frissonnai-je intérieurement. Je mis ma couverture autour de moi et après quelques instants vides, je me levai en secouant la tête et laissai mon lit défait derrière moi.
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